Apport de la réalité virtuelle augmentée pour la prise en charge des injections de toxine botulique chez l’enfant avec paralysie cérébrale (PC).

Par Emmanuelle Chaleat-Valayer

Financement en 2015

Montant : 37 000€ - Ce projet bénéficie également du soutien de la Fondation APICIL contre la douleur.
  • Les enfants atteints de PC peuvent bénéficier de traitement par injection de toxine botulique afin de lutter contre l’hypertonie musculaire spastique. Ces injections provoquent des douleurs induites.
  • Le projet Mini-Docs de la Croix Rouge est un jeu vidéo interactif.
  • L’objectif principal de l’étude est de diminuer la douleur des enfants avec PC lors des injections de toxine botulique en les distrayant. L’étude MINIDOCS comparera un groupe d’enfants bénéficiant du module de réalité augmentée et des techniques médicamenteuses habituelles, à un groupe d’enfants bénéficiant de la prise en charge habituelle de la douleur qui associe des techniques médicamenteuses à des techniques de distractibilité, de relaxation ou d’hypno-analgésie. La douleur sera évaluée pour chaque enfant 10 minutes après les injections.
  • Cette étude a inclus 80 enfants. Un article est en cours de soumission. Les résultats de cette étude  devraient permettre de proposer un nouvel outil non médicamenteux pour gérer la douleur et le stress liés à celle-ci.
Douleur

L'équipe

Dr Emmanuelle Chaleat-Valayer

Dr Emmanuelle Chaleat-Valayer

Ce projet est mené par le Dr Emmanuelle Chaleat-Valayer, chef du service Médecine physique et réadaptation au centre des Massues à Lyon (Croix Rouge Française). Il associe le centre de Médecine Physique et de Réadaptation pour enfants de Bois-Larris, dans l'Oise. Ses centres d’intérêt sont, notamment dans le cadre de la paralysie cérébrale, l’analyse quantifiée du mouvement, le traitement de la spasticité par injection de toxine botulique et l’appareillage.

Contexte

Les enfants avec PC peuvent bénéficier de traitement par injection de toxine botulique (TB) afin de lutter contre l’hypertonie musculaire spastique. Ces injections provoquent des douleurs induites répétées toute la petite enfance et peuvent être à l’origine d’un stress post-traumatique malgré les techniques médicamenteuses et non médicamenteuses. Le projet Mini-Docs de la Croix Rouge est un jeu vidéo interactif. Il comprend un module fondé sur un dispositif digital avec réalité augmentée. En distrayant l’enfant, l’utilisation de ce module permettrait de diminuer la douleur durant les injections de toxine botulique.

Objectifs et méthodologie

L’objectif principal de l’étude est de diminuer la douleur des enfants avec PC lors des injections de toxine botulique en les distrayant.

Les objectifs secondaires sont de :

- Diminuer l’anxiété des enfants avec PC lors des injections de TB

- Diminuer l’anxiété des parents ou des accompagnants lors des injections de TB

L’étude MINIDOCS est un essai contrôlé randomisé comparant un groupe d’enfants bénéficiant du module de réalité augmentée, appelé Mini-Docs, et des techniques médicamenteuses habituelles lors des injections de toxine, à un groupe d’enfants bénéficiant de la prise en charge habituelle de la douleur qui associe des techniques médicamenteuses à des techniques de distractibilité, de relaxation ou d’hypno-analgésie. Le module de réalité augmentée sur tablette tactile permet à l’enfant d'incruster de façon réaliste des objets virtuels dans les images réelles du soin. La douleur sera évaluée pour chaque enfant 10 minutes après les injections par auto-évaluation, par l’échelle des visages ou par hétéro-évaluation par un soignant par l'échelle Face Legs Activity Cry Consolability (FLACC). L’étude se déroulera dans deux centres de Médecine Physique et de Réadaptation pédiatrique de la Croix-Rouge française (Paris et Lyon) et devrait inclure 80 enfants avec PC, âgés de 3 à 8 ans (GMCS I, II, III ou IV) présentant une limitation de la motricité globale traitée par injection de toxine botulique.

Résultats

Cette étude a inclus 80 enfants. Les résultats de cette étude font l’objet d’un article en cours de soumission.

Perspectives

Les résultats attendus de cette étude sont une diminution de la douleur des enfants lors des injections de toxine botulique, une diminution de l’anxiété des enfants et des parents lors des injections et donc une amélioration de l’adhérence au traitement. Les retombées de ce projet concernent également les professionnels de santé en facilitant le geste thérapeutique lors des injections de toxine botulique.

Pour aller plus loin

 

Brochard S, Blajan V, Lempereur M, et al. Determining the technical and clinical factors associated with pain for children undergoing botulinum toxin injections under nitrous oxide and anesthetic cream. Eur J PaedNeurol 2011;15(4):310-315. Voir l'article

Chaleat-Valayer E, Parratte B, Colin C et al. A French observational study of botulinum toxin use in the management of children with cerebral palsy: BOTULOSCOPE. Eur J PaedNeurol 2011;15(5):439-448. Voir l'article

Pour en savoir plus sur les Mini-docs (source handicap.fr):

Les Mini-docs comportent à l’heure actuelle deux modules, à expérimenter sur une tablette numérique.

Le premier module propose à l'enfant de cliquer, au choix, sur un papillon, un nuage, un camion de pompier ou un médecin. Chaque option servira à diminuer la sensation de brûlure sur la jambe, due aux injections… ou à arroser le médecin durant le traitement ! De cette façon, l'enfant ne se concentre plus uniquement sur sa douleur. « C'est le principe de la contre-agression, souligne Dr Chaleat-Valayer. L'enfant agit contre ce qui se passe. Souvent, il choisit de cliquer sur le camion de pompier pour m'arroser. Dans ce jeu, je finis souvent trempée ! » C’est ce premier module qui est testé dans l’étude MINIDOCS.

Le deuxième module se présente sous la forme d'un parcours de découverte interactif. Muni de sa tablette, l'enfant circule dans le centre de soins, à la recherche de QR codes (codes à scanner), souvent placés sur les blouses des médecins. Une fois détectés, ceux-ci révèlent des messages amusants. « Là, il est question de faire diminuer l'anxiété des enfants mais aussi de leurs parents, qui se trouvent, eux aussi, en situation de stress post-traumatique », poursuit la spécialiste.

Un troisième module, comportant des avatars personnalisables, a été imaginé et est en cours de développement.

 

Mots clés : jeux sérieux; serious game; toxine botulique; douleur