Analyse qualitative de la douleur ressentie lors des actes de kinésithérapie chez les enfants avec paralysie cérébrale - QUALIDOL

Par Sylvain Brochard
Avec le soutien de :

Financement en 2012

Montant : 5000 € - Le financement de ce projet a pour partie été apporté par la Fondation CNP Assurances et par TFWA (Tax Free World Association).
  • Faire s’exprimer les enfants sur leurs douleurs est une approche originale pouvant aider à mieux comprendre les mécanismes sous-jacents aux douleurs induites par les exercices de kinésithérapie.
  • Les étirements musculaires induisent des douleurs en séance qui sont mal vécues par certains enfants. D’autres pensent ces douleurs nécessaires car preuves d’efficacité.
  • Les enfants/jeunes adultes mettent au cœur de la gestion de la douleur la relation avec le thérapeute, celle-ci impactant le ressenti douloureux.
  • Une meilleure prise en compte de la douleur et une meilleure communication soignants-soignés devraient diminuer l’intensité et la fréquence des douleurs induites.
Douleur

L'équipe

Pr Sylvain  Brochard

Ce projet de recherche  a été mené par le Dr Hélène Saudreau dans le cadre de sa thèse de médecine, sous la direction du Pr Sylvain  Brochard et en collaboration avec le Dr Laetitia Houx, Hélène LeTallec, Amandine Dubois et le Pr Jean-Yves Le Reste. Il associe le CHRU de Brest et le CMRF de Kerpape.

Contexte

La douleur est l’une des préoccupations des personnes vivant avec une paralysie cérébrale. L’étude SPARCLE a montré que 60 % des enfants avec PC expriment une douleur ou une gêne pendant les séances de kinésithérapie. Or, la quasi totalité des enfants atteints de PC ont des séances de kinésithérapie, et ce dès le plus jeune âge. Approfondir la connaissance en déterminant l’origine des douleurs, leurs conséquences et les stratégies d’adaptation mises en place par les enfants avec PC au cours des séances permettrait une meilleure prévention de ces douleurs.

Objectif et Méthodologie

L’objectif principal de cette étude était donc d’analyser le vécu des séances de kinésithérapie vis-à-vis de la douleur chez l’enfant et le jeune avec PC.

Les objectifs secondaires étaient :

 - d’identifier les gestes et les localisations les plus douloureuses induites par les exercices de kinésithérapie,

 - d’analyser la gestion par l’enfant et le thérapeute pendant la séance de la douleur induite,

 - de rapporter les solutions évoquées par les enfants pour améliorer les séances de kinésithérapie.

Il s’agissait d’une étude qualitative utilisant des entretiens semi-dirigés en « focus group ». Cette technique qualitative de recueil d’information permet de centrer le discours des personnes interrogées autour de thèmes définis préalablement dans un guide d’entretien.

Résultats

Un groupe de 18 enfants avec PC a été sélectionné dans deux centres de rééducation pédiatrique de la région Bretagne : le centre Mathieu Donnart de Brest (Fondation Ildys, Finistère) et le centre de rééducation de Kerpape à Ploemeur (Morbihan). Agés de 13 ans en moyenne, ils avaient une EVA (échelle visuelle analogique de la douleur) de 4.5 en moyenne lors des séances de kinésithérapie.

L’étude a confirmé l’existence de douleurs induites et leur association à un vécu négatif des séances de kinésithérapie. Associé à la notion de contrainte, le thème de la douleur liée à la kinésithérapie apparaissait rapidement dans le discours des enfants : « j’ai mal et j’en ai marre ». Pour certains, la douleur signifiait l’efficacité ou était un point de repère (« c’est une preuve pour les kinés ») et pour d’autres elle n’était pas nécessaire (« on peut être efficace sans avoir mal »).

Les douleurs étaient principalement liées aux étirements musculaires passifs (triceps et adducteurs). Les enfants/jeunes adultes mettent au cœur de la gestion de la douleur la relation avec le thérapeute, celle-ci impactant le ressenti douloureux. Ils ont développé des techniques palliatives de la douleur (médicaments, distraction) et ont fait des propositions d’amélioration des séances (médicaments, hypnose, ...)

Apports et perspectives

Une sensibilisation des professionnels à la difficulté de dépister et de prévenir la douleur induite est nécessaire. Dans les cas où la distraction et une bonne communication soignant/soignés ne suffisent pas, des techniques médicamenteuses préventives pourraient être envisagées. Des études quantitatives permettraient de mieux identifier la douleur induite en kinésithérapie et des essais contrôlés randomisés permettraient de mettre en évidence l’efficacité de méthodes préventives des douleurs induites.

Pour aller plus loin

  • Parkinson KN, Dickinson HO, Arnaud C, et al. Arch Dis Child 2013;98:434–440. Pain in young people aged 13 to 17 years with cerebral palsy : cross sectional, multicentre European study. Arch Dis Child 2013, 98: 434-440. Voir l'article

 

  • H. Saudreau Bothorel, L. Houx, P. Le Moine et al.  ‘‘It has to be painful to be effective’’: Children with cerebral palsy and physical therapy. Annals of Physical and Rehabilitation Medicine 2015 ; 58 (suppl1) : e132. Voir l'article
  • Laetitia Houx, Christelle Pons, Helene Saudreau, Amandine Dubois, Mathilde Creusat, Philippe Le Moine, Olivier Remy-Neris, Juliette Ropars, Jean-Yves LeReste, Sylvain Brochard. No pain, no gain? Children with cerebral palsy and their experience with physiotherapy. Annals of Physical and Rehabilitation Medicine 64 (2021) 101448 https://doi.org/10.1016/j.rehab.2020.10.002

 

 

Mots clés : Douleur; adolescent; kinésithérapie