Effets des anesthésiques dans des modèles animaux de lésions cérébrales néonatales conduisant à l’infirmité motrice cérébrale

Par Vincent Laudenbach

Financement en 2008

Montant : 75 000€
  • La paralysie cérébrale est l’une des séquelles fréquentes de la grande prématurité. Les enfants grands prématurés sont aussi ceux qui demandent le plus d’interventions thérapeutiques en période néonatale, la plupart nécessitant une analgésie ou une anesthésie. Le mode d’action des agents anesthésiques passe obligatoirement par une perturbation de la communication cellulaire cérébrale.
  • Ce projet visait à évaluer le rapport « bénéfice/risque » de plusieurs types d’anesthésiques couramment utilisés en pédiatrie sur le cerveau immature de souriceaux : le midazolam (benzodiazépine) et le thiopental (barbiturique).
  • Les travaux menés ont montré un effet dual du midazolam et du thiopental sur le néocortex immature. En particulier, ils ont une action pro-apoptotique (entraînant la mort cellulaire) sur les microvaisseaux du cortex immature des souriceaux. Ces résultats laissent à penser que des essais cliniques prospectifs devraient être réalisés afin d’évaluer l’effet de ces drogues sur le cerveau en développement à l’échelle humaine.
Lésion cérébrale

L'équipe

Laudenbach

Ce projet de recherche a été mené par le Pr Vincent Laudenbach avec Pamela Kwetieu de Lendeu et Sylvie Jegou-Colleter (Inserm, EA NeoVasc "Endothélium microcirculatoire et lésions cérébrales néonatales", Université de Rouen).

Contexte

La paralysie cérébrale est l’une des séquelles fréquentes de la grande prématurité. Les enfants grands prématurés sont aussi ceux qui demandent le plus d’interventions thérapeutiques en période néonatale, la plupart nécessitant une analgésie ou une anesthésie. Le mode d’action des agents anesthésiques passe obligatoirement par une perturbation de la communication cellulaire cérébrale, au niveau de cibles (récepteurs) participant activement au développement cérébral normal, lequel est loin d’être achevé chez l’enfant grand prématuré. Des études chez l’animal ont suggéré que cette perturbation de la communication au cours du développement pourrait avoir des effets délétères à long terme sur le cerveau. Réciproquement, les anesthésiques pourraient avoir une action neuroprotectrice au niveau des lésions cérébrales qui se développent chez les prématurés en bloquant certains signaux activés au site d’une hémorragie, lors d’une interruption du flux sanguin, ou au site d’une inflammation.

Objectifs et Méthodologie

Ce projet visait à évaluer le rapport « bénéfice/risque » de plusieurs types d’anesthésiques couramment utilisés en pédiatrie sur le cerveau immature murin (souris, rat) : des potentialisateurs du récepteur GABA-A, le midazolam (benzodiazépine) et le thiopental (barbiturique). Cette étude a été menée chez l’animal dans des modèles expérimentaux qui reproduisent les lésions observées par les néonatalogistes chez les enfants prématurés.

Les potentialités de mort cellulaire des anesthésiques ont été évaluées en utilisant un modèle de tranches organotypiques issues de cerveaux de souriceaux, en conditions basale ou excitotoxique. Les tranches sont maintenues en survie en présence d’agents anesthésiques associés ou non au NMDA 400 µM utilisé comme agent excitotoxique. A l’issue de ces traitements, il est possible de quantifier et visualiser la mortalité nécrotique ou apoptotique au sein des tranches, d’identifier et étudier l’activité des types cellulaires impliqués.

Résultats d'avancement

Les travaux menés ont montré un effet dual du midazolam et du thiopental sur le néocortex immature. En particulier, ils ont une action pro-apoptotique sur les microvaisseaux du cortex immature via l’implication du récepteur GABAA de type central.

Perspectives

La poursuite des travaux de l’équipe de Vincent Laudenbach devrait permettre de mieux estimer le rapport bénéfice/risque potentiel d’une anesthésie en période néonatale dans un contexte lésionnel ou physiologique. Toutefois, considérant le nombre croissant de fœtus ou de nouveau-nés exposés aux agents anesthésiques chaque année, il est urgent de réaliser des essais cliniques prospectifs afin d’évaluer l’effet de ces drogues sur le cerveau en développement à l’échelle humaine.