Imagerie motrice et simulation du geste chez l'enfant atteint d'Infirmité Motrice Cérébrale

Par Michèle Molina

Financement en 2007

Montant : 29 000€
  • L’enfant présentant une Paralysie Cérébrale (PC) doit en permanence penser à ses mouvements pour pouvoir les exécuter : l’automatisation de ses gestes est difficile. L’imagerie motrice correspond à la capacité commune à tous les individus à s’imaginer agir.
  • Ce programme de recherche visait à comprendre comment l’enfant qui, en raison d’une lésion de son système nerveux central, connaît une activité motrice profondément modifiée et restreinte, pense le mouvement et à  d’étudier les capacités d’imagerie motrice de l’enfant
  • Chez les jeunes présentant une PC les capacités d’imagerie motrice sont préservées ouvrant la voie au développement d’environnements numériques interactifs et au recours à la réalité virtuelle comme moyen de rééducation du geste déficient
Cognition, perception, fonctions sensorielles

L'équipe

Michèle MOLINA

Ce projet de recherche a été mené par le Pr Michèle MOLINA [Psychologies des Actions Langagières et Motrices (PALM), UFR de Psychologie, Université de Caen].

Contexte

Les enfants atteints de paralysie cérébrale (PC) présentent un handicap moteur qui associe, à des degrés variables, des troubles de la posture et du mouvement. Les acquisitions motrices spontanées d’un enfant sans lésion du cerveau (tenir assis tout seul, manipuler des jouets, marcher, courir, dessiner, écrire,….) vont être compromises chez l’enfant atteint de PC. Ainsi, l’enfant sans trouble qui a appris à marcher n’a plus besoin de penser au placement de ses jambes, au contrôle de son équilibre postural… Contrairement à lui, l’enfant atteint de PC doit en permanence penser à ses mouvements pour pouvoir les exécuter : l’automatisation de ses gestes est difficile.

L’imagerie motrice correspond à la capacité commune à tous les individus à s’imaginer agir et est utilisée dans les techniques de rééducation motrice proposées aux adultes par exemple à la suite d’un accident vasculaire cérébral.

Objectifs et Méthodologie

Ce programme de recherche visait à comprendre comment l’enfant qui, en raison d’une lésion de son système nerveux central, connaît une activité motrice profondément modifiée et restreinte, pense le mouvement. L’objectif était d’étudier les capacités d’imagerie motrice de l’enfant et de déterminer si les paramètres du mouvement pensé reproduisent ceux du mouvement agi.

Ces capacités d’imagerie motrice ont été étudiées chez l’enfant sain et chez l’enfant/adolescent  présentant une paralysie cérébrale dans 2 situations :

  • une situation de déplacement sur courte et longue distance. Au cours de la situation de déplacement, il était successivement demandé d’imaginer se déplacer jusqu’à une cible puis de se déplacer jusqu’à cette même cible et enfin, d’imaginer à nouveau se déplacer. L’existence d’une corrélation éventuelle entre le temps mis pour réaliser une action motrice et le temps supposé nécessaire pour réaliser mentalement cette même action était ensuite déterminée.
  • la capacité de reconnaissance d’objet à partir de la seule observation des actions effectuées sur cet objet visant à identifier la forme, la texture et la consistance d’un objet.

Résultats d'avancement

Chez l’enfant sain, l’ensemble des données obtenues révèle que l’imagerie motrice est un phénomène qui émerge progressivement entre l’âge de 5 et 7 ans, la capacité de reconnaissance d’un objet apparaissant plus précocement que la capacité d’imagination en situation de déplacement.

Chez les jeunes présentant une paralysie cérébrale, les résultats montrent chez tous une capacité d’évocation mentale de l’action de déplacement : les temps d’action imaginé et réalisé sont corrélés. Dans la situation de reconnaissance d’objet, la capacité d’identification est variable d’un sujet à l’autre mais leur performance diffère du hasard. L’ensemble des résultats révèle des capacités d’imagerie motrice préservées.

Perspectives

La mise en évidence dans ce projet de capacités d’imagerie motrice chez le jeune avec paralysie cérébrale ouvre la voie au développement d’environnements numériques interactifs et au recours à des situations de réalité virtuelle comme moyen de rééducation du geste déficient.

Pour aller plus loin

Guilbert, J., Jouen, F., Lehalle, & Molina, M. (2013). Imagerie motrice interne et simulation de l’action chez l’enfant. L’Année Psychologique, 113(03), 459-488

Molina, M., Tijus, C., Jouen, F. (2008). The emergence of motor imagery in children. Journal of Child Experimental psychology. 99, 196-209.